[Environnement] La lourde empreinte du digital abonné

Faut-il remplacer le papier par des supports électroniques au nom de la protection de l’environnement ? Pas si sûr. L’impact environnemental du numérique est beaucoup plus élevé qu’on ne le croit, et un PDF n’est pas forcément plus écologique qu’un journal imprimé.

Par Claire Nillus— Publié le 10/10/2020 à 07h59 et mis à jour le 05/07/2021 à 13h00

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L’explosion des usages et la multiplication effrénée des équipements numériques ont un impact environnemental et social incompatible avec les objectifs de réduction des émissions de CO2. À l’instar de nombreuses associations, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, devenue Agence de la transition écologique en juin 2020) sonne l’alarme : le secteur numérique consomme 5,5 % de l’électricité mondiale (rapport :La Face cachée du numérique, 2019).

Pour Greenpeace, la consommation mondiale de streaming vidéo (VOD, clips musicaux, etc.) émettrait chaque année quelque 300 millions de tonnes de CO2, soit une pollution numérique équivalente à celle d’un pays comme l’Espagne. Montrés du doigt, les géants du numérique commencent donc à communiquer sur leurs intentions durables.

Apple annonçait en 2018 que tous ses sites étaient alimentés à 100 % grâce aux énergies renouvelables, Facebook a publié le 8 juillet dernier un premier rapport sur son engagement pour le climat. Le groupe américain y affirme avoir réduit de 59 % ses émissions de gaz à effet de serre depuis 2017.

Le réseau social annonce également qu’il a déjà recours à 86 % d’énergies renouvelables pour ses activités et vise 100 % dès la fin 2020. Or l’électricité produite à partir d’une énergie renouvelable a aussi des impacts sur l’environnement : le photovoltaïque ou l’éolien consomment des matières premières non renouvelables et des métaux rares. Comme l’explique Frédéric Bordage, du collectif d’experts GreenIT.fr (lire ci-dessous) : « C’est vraiment la feuille de l’arbre qui cache la forêt car, dans le même temps, Facebook développe des logiciels qui rendent son utilisation complètement addictive. Au total, ce sont des milliards d’heures de connexion en plus chaque année. L’électricité qui laisse le moins d’impact sur l’environnement est celle que l’on ne consomme pas. »

Des produits gourmands en énergie

« Il faut avoir en tête que pour réaliser des opérations identiques, les logiciels actuels demandent beaucoup plus de puissance qu’il y a quelques années », fait remarquer à son tour Adèle Chasson, responsable des affaires publiques pour l’association Halte à l’obsolescence programmée, qui lutte notamment contre le développement de ces « obésiciels ».

« Nous demandons de nouvelles règles pour les mises à jour imposées par le fabricant au consommateur : utiles pour pallier les failles de sécurité d’un ordinateur ou d’un smartphone, elles génèrent à chaque fois de nouvelles fonctionnalités plus consommatrices en ressources (mémoire vive, processeur, espace de stockage, etc.) et dont on n’a pas forcément besoin ! Il faudrait dissocier celles qui…

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