Les restructurations dans la grande distribution pèsent d’abord sur les salariés abonné

Les grandes manœuvres vont bon train dans la grande distribution. Aux avant-postes de la réflexion et l’action sur l’avenir du commerce, la CFDT en appelle à la responsabilité sociale des entreprises.

Par Didier Blain— Publié le 07/11/2018 à 13h38

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« De nombreuses études montrent que le niveau d’emploi devrait rester stable dans le commerce dans les prochaines années, explique le secrétaire général de la Fédération des Services, Olivier Guivarch. Elles indiquent aussi qu’il y aura de nombreuses destructions d’emplois globalement compensées par des créations. La difficulté va consister à les faire coïncider. » Les grands bouleversements sont effectivement à l’œuvre dans le commerce, à commencer par les hypermarchés. « Ce modèle a vécu », constate Guy Laplatine, le délégué syndical central (DSC) CFDT d’Auchan (73 000 salariés dont 57 000 dans les hypers et supers), « pour l’instant, ça tient parce que nous sommes dans un groupe familial dont la richesse réside dans le patrimoine immobilier. Mais, demain, qui voudra racheter des magasins qui ne marchent plus ? ».

Un changement des habitudes de consommation

En quelques années, l’évolution des habitudes de consommation vers plus d’exigences, de bio, de proximité, de durabilité, de rapidité conjuguée à des mutations technologiques qui passent par l’avènement du e-commerce et de la robotisation a transformé l’acte d’achat. Celui-ci ne se fait moins dans les magasins et plus de chez soi, derrière un écran connecté. La livraison, elle aussi impactée, se fait aujourd’hui par l’acheteur, à pied, en voiture ou par d’autres services et entreprises. De quoi bousculer toutes les formes de distribution et de logistique et rendre caduc le format des hypermarchés. À la peine, la grande distribution réduit la voilure, mais « mise étonnamment peu sur un projet social d’accompagnement des salariés vers les nouvelles formes de commerce », ironise Sylvain Macé, le délégué national CFDT de Carrefour, où près de 7 000 postes doivent être supprimés d’ici à 2020.

Chez Casino, où la direction pourrait annoncer la cession d’une vingtaine d’hypers le 15 novembre, « on a déjà réduit les surfaces de vente de 20 à 30 %, affirme le DSC André Moreno. Quarante-cinq supermarchés ont été franchisés avec un semblant de charte sociale sans aucune contrainte pour le repreneur. Nous ne l’avons pas signée. Les restructurations à venir pourraient concerner de 5 000 à 6 000 salariés au fil de l’eau ».

Redoutant la concurrence des géants de l’internet, les dirigeants des grands groupes apportent des réponses économiques et sociales classiques : suppression de postes, vente ou mise en location-gérance de magasins, recentrage sur l’alimentaire, rapprochement entre les groupes, signature d’accord de Monoprix avec Amazon, de Carrefour avec Google, etc., opérations marketing de reconquête (Haka chez Auchan, Act For Food chez Carrefour, etc.). Sur le plan social, en revanche, l’imagination est en panne côté employeur pour protéger les salariés menacés par ces transformations. « La CFDT Auchan a proposé de mettre en place une agence pour l’emploi au niveau du groupe afin de recaser des salariés volontaires, mais la direction ne veut rien entendre », confie le DSC. Mêmes échos chez Casino, où la direction refuse de mettre en œuvre une gestion prévisionnelle des emplois et…

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